Concernant la crĂ©ation d’une SociĂ©tĂ© civile immobiliĂšre (SCI), la lĂ©gislation est trĂšs claire : l’entreprise doit comprendre un minimum de deux associĂ©s afin d’ĂȘtre officiellement crĂ©Ă©e. Mais avec un peu de crĂ©ativitĂ©, et l’aide d’un bon avocat fiscaliste, on comprend que ces associĂ©s peuvent ĂȘtre la mĂȘme personne, via diffĂ©rentes sociĂ©tĂ©s…
Pourquoi essayer de créer seul sa SCI, comment procéder, et quels sont les risques ? Notre fiscaliste vous éclaire sur ces questions dans la suite de cet article.
Sommaire
ToggleRappels important sur la SCI
La SCI est une sociĂ©tĂ© civile immobiliĂšre crĂ©Ă©e dans le but d’assurer la gestion dâun ou plusieurs biens immobiliers. Il existe 3 raisons principales pouvant expliquer la crĂ©ation de ce type de structure :
- La construction d’un ou plusieurs biens immobiliers ;
- L’achat ainsi que la gestion d’un ou plusieurs biens immobiliers.
- La mise en location d’un ou plusieurs biens immobiliers ;
SCI Ă l’IR vs SCI Ă l’IS
Une SCI peut ĂȘtre imposĂ©e de deux maniĂšres diffĂ©rentes : imposĂ©e Ă l’IS (impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s) ou Ă l’IR (impĂŽt sur le revenu) :
- SCI Ă l’IR : il s’agit d’une sociĂ©tĂ© transparente fiscalement. Les recettes locatives sont imposĂ©es Ă l’impĂŽt dans les mains de ses associĂ©s. Les loyers sont intĂ©grĂ©s aux revenus dĂ©clarĂ©s. Leur imposition dĂ©pend donc des tranches d’impositions des associĂ©s. Par ailleurs, ces derniers sont Ă©galement soumis aux prĂ©lĂšvements sociaux, Ă hauteur de 17.2% ;
- SCI Ă l’IS : ici, il faut bien faire la distinction entre impĂŽts sur les bĂ©nĂ©fices payĂ© par la sociĂ©tĂ©, et l’impĂŽt payĂ© par les associĂ©s dans le cas d’un versement de dividendes.La SCI qui est imposĂ©e Ă hauteur de 15 % dans la limite de 38 120 euros de bĂ©nĂ©fice, puis 25 % pour la partie dĂ©passant ce montant.
Les dividendes, si distribuĂ©s aux associĂ©s, sont imposĂ©s au prĂ©lĂšvement forfaitaire unique (PFU, aussi appelĂ© flat tax), au taux de 30% ( 12,8 % au titre de lâimpĂŽt sur le revenu + 17,2 % de prĂ©lĂšvements sociaux).
SCI classique, SCI familiale et SCCV
La SCI peut prendre la forme la plus commune, avec plusieurs associĂ©s, mais Ă©galement la forme d’une entreprise familiale. Ce type de SCI, la SCI familiale, permet de regrouper, gĂ©rer et redistribuer le patrimoine immobilier en vue d’une succession.
Enfin, un dernier type de SCI existe, la société civile de construction vente (SCCV). La SCCV permet de construire un bien en vue de sa revente immédiate.
Gestion et gouvernance de la SCI
Comme expliquĂ©, une sociĂ©tĂ© civile immobiliĂšre doit ĂȘtre crĂ©Ă©e par plusieurs associĂ©s. Le gĂ©rant peut ĂȘtre une personne physique ou une personne morale. Cette personne peut Ă©galement ĂȘtre extĂ©rieure Ă la SCI, c’est-Ă -dire que le gestionnaire peut ne pas ĂȘtre associĂ© !
Les associĂ©s, eux, dĂ©cident de la vie et de la direction de l’entreprise Ă l’occasion d’AssemblĂ©es gĂ©nĂ©rales annuelles (ou ponctuelles, en fonction des Ă©volutions observĂ©es ou nĂ©cessaires). Pour qu’une dĂ©cision soit adoptĂ©e, elle doit l’ĂȘtre Ă la majoritĂ©.
CrĂ©er une SASU ou EURL au lieu d’une SCI tout seul ?
Une des solutions les plus courantes pour crĂ©er une structure juridique commerciale pour la gestion de son patrimoine immobilier est de crĂ©er une SAS (SociĂ©tĂ© par actions simplifiĂ©e) eu SARL (SociĂ©tĂ© Ă responsabilitĂ© limitĂ©e). Toutes deux peuvent ĂȘtre unipersonnelles et accomplissent les mĂȘmes objectifs fiscaux et patrimoniaux qu’une SCI.
De plus, la SASU (SociĂ©tĂ© par actions simplifiĂ©e unipersonnelle) et l’EURL (Entreprise unipersonnelle responsabilitĂ© limitĂ©e) Ă©tant des sociĂ©tĂ©s commerciales, l’associĂ© unique n’est responsable qu’Ă la hauteur de ses apports. Cela lui permett de limiter le risque financier Ă son apport en capital.
La société civile immobiliÚre, elle, nécessite plusieurs associés. Alors quand on veut gérer sa SCI tout seul, comment faire ? Il existe des solutions pour que dans les faits, la SCI soit en fait gérée par une seule personne physique.
1. Opter pour une répartition inégale des parts
Comme expliquĂ© ci-dessus, il est impossible de crĂ©er seul une SCI. Au moment de dĂ©poser votre dossier au greffe du tribunal de commerce en charge de votre projet, vous pouvez ĂȘtre sĂ»r et certain que votre demande d’immatriculation sera rejetĂ©e.
Ainsi, afin d’avoir la possibilitĂ© de gĂ©rer seul (ou presque) son entreprise immobiliĂšre, une premiĂšre solution consiste Ă s’associer de maniĂšre tout Ă fait inĂ©gale. Vous pouvez crĂ©er l’entreprise avec un ami ou un proche et vous attribuer 99 % des parts. L’autre associĂ© n’aura qu’ 1 % de participation dans la sociĂ©tĂ©. Cela vous laissera les mains libres pour gĂ©rer l’entreprise.
2. Créer une SCI avec un mineur
Afin de crĂ©er une SCI que vous pourrez gĂ©rer seul, une seconde solution consiste Ă s’associer avec un mineur. Cette formule permet Ă la personne majeure d’avoir l’ensemble des droits sur l’entreprise et sa direction. GĂ©nĂ©ralement, ce type de SCI est une SCI familiale, elle est crĂ©Ă©e par un parent avec son enfant qui, mineur, sera dĂ©tenteur minoritaire des parts.
Le parent associĂ©, majoritaire, est le reprĂ©sentant lĂ©gal du mineur. Il peut alors signer au nom de son enfant, l’ensemble des diffĂ©rents documents requis pour crĂ©er une SCI. Il effectue seul, l’ensemble des formalitĂ©s nĂ©cessaires. Cela vaut pour :
- La rĂ©daction ainsi que la signature des statuts de l’entreprise ;
- L’enregistrement des statuts de la SCI auprĂšs du greffe ;
- La signature des piĂšces justificatives qui doivent nĂ©cessairement figurer dans le dossier dĂ©posĂ© de demande d’immatriculation de son entreprise. Il s’agit du formulaire M0 de dĂ©claration dâimmatriculation dâune sociĂ©tĂ© civile (Cerfa n°13958*02) ;
- Les comptes rendus annuels de gestion et validation des comptes.
Ainsi, le parent associĂ© majoritaire, surtout sâil est gĂ©rant de la SCI, pourra gĂ©rer seul la sociĂ©tĂ© jusquâĂ la majoritĂ© de son enfant.
3. Créer une SCI avec votre holding
Si vous ĂȘtes Ă la tĂȘte d’une premiĂšre entreprise, vous pouvez dĂ©cider de crĂ©er une holding sci et opter pour le rĂ©gime mĂšre-fille. Votre holding dĂ©tiendra la majoritĂ© des parts de la SCI (90%, par exemple) en tant que personne morale. Le reste du capital sera alors apportĂ© par… Vous-mĂȘme, en tant que personne physique.
Pour avoir droit au rĂ©gime mĂšre-fille et donc ĂȘtre le seul Ă la tĂȘte de votre SCI, il faut que plusieurs critĂšres soient respectĂ©s :
- La société mÚre (la holding) doit conserver ses parts dans la SCI pour une durée de deux ans au minimum ;
- La holding doit dĂ©tenir un minimum de 5% des parts sociales de l’entreprise ;
- Holding et SCI doivent obligatoirement ĂȘtre imposĂ©es Ă l’IS.
Une SCI peut-elle devenir unipersonnelle au cours de sa vie ?
Plusieurs Ă©vĂšnements peuvent avoir pour consĂ©quence qu’un des associĂ©s se retrouve seul Ă la tĂȘte d’une sociĂ©tĂ© civile immobiliĂšre. Comment ? Pour quelles raisons un associĂ© peut-il subitement se retrouver Ă la tĂȘte d’une SCI et en dĂ©tenir l’ensemble des parts sociales ? Il n’existe que 3 situations qui pourraient permettre d’expliquer cela :
- Le dĂ©cĂšs d’un des ou des associĂ©s ;
- Le retrait de la SCI des autres associés ;
- La cession des parts sociales des autres associés.
Le dĂ©cĂšs d’un des associĂ©s
Le dĂ©cĂšs d’un ou de plusieurs associĂ©s au projet n’entraĂźne pas la dissolution de la SCI. Cette derniĂšre peut continuer Ă vivre Ă travers les hĂ©ritiers des personnes rĂ©cemment dĂ©cĂ©dĂ©es. Pour autant, l’associĂ© restant Ă le droit de racheter les parts sociales du ou des dĂ©funts Ă ces mĂȘmes hĂ©ritiers Ă condition que tout cela soit Ă©crit dans les statuts de la sociĂ©tĂ©.
Il s’agit d’une clause d’agrĂ©ment des hĂ©ritiers en cas de dĂ©cĂšs de l’un des associĂ©s. Cette clause prĂ©voit qu’en cas de dĂ©cĂšs, l’associĂ© restant ou majoritaire pourra librement exprimer son opinion quant Ă l’entrĂ©e des hĂ©ritiers des dĂ©funts dans le capital social de la SCI.
De fait, si l’associĂ© majoritaire n’autorise pas les hĂ©ritiers Ă entrer dans le capital social de la SCI, alors il aura le droit de racheter l’ensemble des parts sociales. Ainsi, il sera seul Ă la tĂȘte de la sociĂ©tĂ© civile immobiliĂšre.
Le retrait de la SCI des autres associés
Ă n’importe quel moment de la vie sociale d’une SCI, un associĂ© peut prendre la dĂ©cision de se retirer du projet. Le plus souvent, cela se fait en cas de conflit entre les diffĂ©rents associĂ©s de l’entreprise.
L’associĂ© qui se retire a droit Ă un remboursement de ses parts sociales. Si aucun accord n’est trouvĂ© entre les partenaires, un expert Ă©valuera le montant des parts afin de fixer un montant. Ce remboursement a pour rĂ©percussion, une diminution du capital social.
La cession des parts sociales des autres associés
Un dernier cas pourrait signifier qu’une SCI devienne unipersonnelle : la cession des parts sociales des autres associĂ©s. Ici, l’associĂ© sur le dĂ©part dĂ©cide de cĂ©der ses parts Ă l’associĂ© restant. De fait, ce dernier dĂ©tient l’ensemble des parts de l’entreprise, dont il devient le seul gestionnaire.
Quels sont les avantages Ă ĂȘtre seul Ă la tĂȘte de la SCI ?
Il existe deux avantages principaux quant au fait de voir la SCI devenir une entreprise unipersonnelle. Le premier, est du point de vue de la gestion. En Ă©tant seul Ă la barre, il est plus facile d’emmener l’entreprise lĂ oĂč on le souhaite.
Le second point, tout naturellement, concerne l’aspect financier. En Ă©tant seul Ă la tĂȘte de sa SCI, l’entrepreneur se reverse la totalitĂ© des dividendes gĂ©nĂ©rĂ©s par les loyers et les plus values. Il gagne donc beaucoup plus d’argent que si la SCI Ă©tait composĂ©e 2, 3 voire plus encore d’associĂ©s !
Quels sont les risques liés à une SCI unipersonnelle ?
MalgrĂ© les avantages citĂ©s ci-dessus, la transformation d’une SCI en sociĂ©tĂ© unipersonnelle en cours de vie sociale n’a pas que des avantages. En effet, la loi exige que le gĂ©rant de l’entreprise rĂ©gularise la situation, en faisant entrer un ou plusieurs nouveaux associĂ©s, permettant ainsi de nouveaux apports au capital social de l’entreprise.
Risque de fermeture si pas de nouvel associé
Dans le cas ou une SCI devient unipersonnelle, l’associĂ© unique et majoritaire dispose d’un dĂ©lai lĂ©gal d’une annĂ©e pour rĂ©gulariser la situation. Cela signifie qu’il dispose d’un an pour faire entrer un ou plusieurs nouveaux associĂ©s dans le capital de l’entreprise.
PassĂ© ce dĂ©lai, il est possible que le tribunal de Commerce soit saisi dâune demande de dissolution judiciaire de la SCI par toute personne ayant un intĂ©rĂȘt Ă agir (hĂ©ritiers de lâassociĂ© sortant, crĂ©ancierâŠ).
Le juge accorde à la société un délai de 6 mois pour régulariser la situation : à défaut, elle sera dissoute et liquidée et il sera mis fin à sa personnalité juridique.
Risques pour l’associĂ© minoritaire
Dans le cas oĂč vous avez optĂ© pour une SCI avec un associĂ© minoritaire, qui ne dĂ©tient par exemple qu’une seule part sociale, la justice peut dĂ©cider de requalifier sa situation d’investisseur, en situation de prĂȘte-nom. Cela signifie quâil nâest pas considĂ©rĂ© comme un vĂ©ritable associĂ© de la SCI aux yeux de la justice.
Pour autant, il est considĂ©rĂ© comme responsable du passif de l’entreprise. Pour rappel, avec le statut SCI, la responsabilitĂ© des associĂ©s est limitĂ©e au prorata de leur participation dans le capital. De fait, en cas de mauvaise gestion Ă©conomique de la part de l’actionnaire majoritaire, les crĂ©anciers (les banques) peuvent toujours se retourner contre le prĂȘte-nom pour rĂ©gler les dettes.
Les risques pour tous les associés
Créer une entreprise représente un coût :
- RĂ©daction des statuts ;
- DĂ©pĂŽt des statuts ;
- Apport en capital.
Dans certains cas, il peut ĂȘtre prĂ©fĂ©rable d’opter pour un investissement en son nom propre, comme en LMNP par exemple, qui permet d’Ă©viter bien des tracas et des rĂ©flexions liĂ©es notamment aux contraintes de l’entreprise. Un article traitant de l’investissement seul ou en SCI a d’ailleurs Ă©tĂ© spĂ©cialement Ă©crit sur le sujet !